LES SECRETS DE FABRICATION DU PARFUM
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Votre parfum fétiche vous accompagne au quotidien, comme une seconde peau. Il est votre signature olfactive, et vous suit partout. Et pourtant il garde encore ses petits secrets, comme celui de sa fabrication ! Chez ESSENCES DE PARFUMS, en amoureux du parfum, on a décidé de lever le voile sur l’art de la parfumerie. Ici, on vous dit tout sur la fabrication de votre parfum.
Depuis les matières premières jusqu’au flacon qui finira dans votre salle de bain, découvrons ensemble comment est fait un parfum.
1ère étape de la fabrication d’un parfum : Les matières premières
La première étape de la fabrication d’un parfum c’est bien sûr l’extraction des matières premières naturelles, ou l’obtention de matières synthétiques. Et il existe plusieurs techniques pour les obtenir.
L’enfleurage pour fabriquer des parfums
C’est la technique la plus ancienne pour obtenir des essences parfumées. Il s’agit d’une technique qui, comme son nom l’indique, permet d’extraire des essences de fleurs. L’enfleurage peut se faire soit à chaud, soit à froid.
L’enfleurage à froid est un procédé très ancien et quasiment disparu aujourd’hui. On peut encore le trouver pour traiter des fleurs très délicates comme le jasmin, la rose ou la fleur d’oranger, mais elle est devenue très rare. Cette technique est assez fastidieuse.
Le principe consiste en effet à déposer les pétales sur une plaque enduite de graisse animale inodore. Ensuite, les pétales sont remplacés toutes les 24 ou 48 heures pour que la graisse absorbe le plus d’odeur possible. Une fois saturée en molécules parfumées, la graisse est chauffée (pour qu’elle fonde) et mélangée à de l’alcool. L’alcool et la graisse vont ensuite se séparer, exactement comme quand on mélange de l’eau et de l’huile dans un verre ! Après avoir filtré l’alcool contenant les matières odorantes, on obtient enfin une absolue.
L’enfleurage à chaud reprend le même principe, mais pour des fleurs plus résistantes. Sauf qu’au lieu de déposer les pétales sur de la graisse froide et solide, on les plonge dans un bain de graisse chaude fondue. De même, on renouvelle les pétales, et on obtient une absolue en utilisant de l’alcool.
La distillation dans la fabrication du parfum
Au fil des siècles, les techniques de fabrication du parfum ont évolué, et la distillation est apparue. Ce procédé consiste à chauffer à haute température de l’eau avec les plantes dont on souhaite recueillir l’essence. En chauffant, de la vapeur d’eau va se former et emporter avec elle les molécules odorantes.
Cette vapeur d’eau va ensuite refroidir dans le tuyau et se recondenser (se retransformer en eau liquide) et va se séparer de l’huile essentielle. Encore une fois, comme de l’eau et de l’huile qui se séparent si on essaie de les mélanger dans un verre!
L’expression
L’expression est le nom que l’on donne à la technique d’extraction des essences d’agrumes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas le jus des agrumes qui est utilisé dans la fabrication des parfums. C’est l’essence contenue dans l’écorce, dans les petites alvéoles qu’on peut discerner à la surface de la peau du fruit en y regardant de près. Celle qui nous pique les yeux quand on épluche une clémentine ! Vous voyez de quoi on parle ?
Et bien le procédé est exactement le même ! Quand on épluche une clémentine, on reçoit des gouttelettes qui proviennent de ces petites alvéoles qui sont cassées à l’épluchage. L’expression relève de la même technique : on va venir percer de petits trous dans l’écorce pour récupérer l’essence. On obtient ainsi un liquide qui est un mélange d’eau et d’huile essentielle. La partie huile essentielle est ensuite séparée de la partie eau avec une centrifugeuse.
L’extraction par solvant
L’extraction par solvant consiste quant à elle à mélanger des plantes à un solvant (du méthanol, de l’éthanol, du benzène etc.) qu’on va réchauffer. Avec la chaleur, le solvant va s’évaporer et on va obtenir une matière cireuse chargée d’essences : la concrète.
Cette concrète sera ensuite mélangée à de l’alcool (comme dans le cas de l’enfleurage à froid) afin que les molécules odorantes puissent y passer. Ensuite, la filtration de l’alcool permettra d’obtenir l’absolue.
Les molécules de synthèse
Depuis le milieu du XIXème siècle et le développement de la chimie, les molécules de synthèse sont apparues dans beaucoup de domaines. Et celui de la parfumerie ne fait pas exception ! Il est en effet désormais possible de créer en laboratoire tout types de molécules odorantes : soit pour reproduire des odeurs naturelles, soit pour créer des senteurs sorties directement de l’imagination des parfumeurs. Ce procédé a deux avantages principaux.
Premièrement, les ingrédients synthétiques ont permis de remplacer les matières animales, longtemps très populaires en parfumerie. L’ambre gris (cachalot), la civette (chat musqué), le castoréum (castor) et le musc tonkin (chevrotin) étaient des ingrédients très très populaires du XVIe au XIXe siècle. Issus pour la plupart de glandes situées près des appareils génitaux d’animaux, il fallait tuer leur porteur pour en récupérer l’essence. Leurs odeurs fortes (entre sexe et excréments) étaient appréciées pour leur sensualité. Mais aussi pour leur capacité à donner de l’ampleur et de la tenue au parfum. Depuis, la création de matières synthétiques ont permis de reproduire leurs qualités, sans leurs défauts.
Par ailleurs, les matières synthétiques permettent aussi de remplacer des plantes, arbres et fleurs en danger de disparition! Le bois de oud par exemple, qui est extrêmement précieux et populaire en belle parfumerie. Cet arbre que l'on a surexploité est désormais protégé par la convention CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of wild fauna and flora) qui régule sa commercialisation.
Elles donnent libre cours à la créativité des Parfumeurs!
Deuxièmement, les ingrédients synthétiques permettent de repousser les limites de la créativité des Parfumeurs. En effet, certaines odeurs ne peuvent pas s’extraire naturellement par les procédés vus précédemment (comme les fruits par exemple, ou les noix). Et certaines notes n’existent tout simplement pas en tant que telles (comme les notes marines, ou la note “cupcake”).
2 autres avantages pour la parfumerie à grande échelle
Les ingrédients synthétiques ont d’autres avantages pour les grandes marques qui cherchent à toucher le plus de client possible avec un même parfum.
Tout d’abord, ils permettent de garantir que le parfum aura le même rendu sur tous les types de peau. En effet, si les ingrédients naturels ajoutent force, tenue et complexité au parfum, ils réagissent différemment selon les peaux! Les ingrédients synthétiques sont linéaires, et sont donc stables.
Enfin, les ingrédients synthétiques sont souvent moins chers que les ingrédients naturels. Extraire des ingrédients naturels est souvent long et laborieux, et il faut en général énormément de matière première pour donner très peu d’huile essentielle. Ceci explique en partie le coût élevé du parfum. C’est pour cela que le développement d’ingrédients synthétiques peut permettre de faire de belles économies aux marques! Il faut savoir par ailleurs qu’il existe plusieurs niveaux de qualité dans les molécules de synthèse.
2ème étape de la fabrication d’un parfum : L’assemblage des essences
Le travail du Nez
Le Parfumeur, aussi appelé Nez, dispose d’environ 5 000 ingrédients pour réaliser sa composition. Il en assemble en général une centaine (et parfois plusieurs centaines) pour créer un parfum comme on en trouve sur le marché.
Il s’agit donc d’un travail très complexe et d’une extrême précision. Le Nez va imaginer des formules qu’il élabore en pourcentages : 10% de l’essence A, 3% de l’essence B, 0,2% de l’essence C, etc. Il raisonne en kilos et en grammes et non en millilitres comme on pourrait le croire.
Une fois ses idées de formules arrêtées, il va les tester. C’est là le génie impressionnant du Parfumeur : tout se passe dans son imagination, avant de tester ses créations en vrai ! Il peut reconstituer et assembler mentalement les odeurs. Et c’est un exercice très complexe. Chaque ingrédients doit s’imbriquer parfaitement dans la composition, et parvenir à un équilibre. Ainsi, dans la plupart des parfums, on ne sentira pas tous les ingrédients! Car certains sont présents en quantité minime. Mais chacun est important, car ils participent tous à l’harmonie globale. Ceci explique pourquoi nombreux sont ceux qui disent détester la patchouli alors qu'il est présent dans de très nombreux parfums à succès!
Un Parfumeur va ainsi réaliser plusieurs essais, et aboutir à la formule définitive. A cette étape, il obtient alors ce qu’on appelle un concentré. Il s’agit d’un mélange composé uniquement d’huiles essentielles pures, qu’on viendra ensuite diluer avec de l’alcool, pour obtenir les parfums qu’on connaît.
La pyramide olfactive
Le Nez effectue ce travail de création en suivant tout de même une trame : celle de la pyramide olfactive. Elle désigne la classification en notes de tête, notes de coeur, notes de fond. Cette classification dépend principalement de la nature des molécules, selon qu’elles soient plus ou moins volatiles.
Les notes de tête désignent les notes les plus volatiles. Ce sont celles que l’on sent en premier et qui vont durer de quelques secondes à quelques minutes. Les notes de coeur vont quant à elles durer entre 15 minutes et 4 heures. Enfin les notes de fond se développent entre 2 et 24 heures.
3ème étape de la fabrication d’un parfum : la création du jus final
La dilution du concentré
Le Parfumeur crée un concentré composé d’un mélange de matières premières pures. Ce concentré est ensuite dilué, dans de l’alcool généralement, pour obtenir un jus. En effet, l’alcool est particulièrement adapté à cet usage pour la simple et bonne raison qu’il s’évapore très rapidement. Ainsi, lorsqu’on s’applique du parfum, ne restent sur la peau (ou le tissu, ou les cheveux) que les molécules odorantes.
Cette dilution permet d’obtenir différentes concentrations, selon qu’on veut créer une eau fraîche, une eau de cologne, une eau de toilette, une eau de parfum, un extrait de parfum, un parfum intense ou un parfum extrême. Dans tous les cas, on obtient ce qu’on appelle le jus.
La macération du jus
Une fois le concentré dilué dans l’alcool, le mélange obtenu va macérer plusieurs semaines pour atteindre le résultat le plus optimal. Lorsque le résultat final est atteint, on passe à l’étape suivante : le glaçage.
Le glaçage consiste à refroidir le jus aux alentours de 0°C pour que les derniers excédents de cires se solidifient. Ces excédents sont ensuite éliminés par filtration. On obtient alors un jus purifié et limpide.
La dernière étape avant la mise en flacon est en général la coloration. De nombreuses maisons utilisent des colorants pour teinter leur jus et les rendre plus attrayants visuellement. Dans ce cas, ils utilisent un mélange de colorants et de stabilisateurs UV pour éviter que la couleur ne vire à la lumière.